Ometepe, dans le nid du grand serpent

Après 10 jours urbains, il est temps de prendre le large pour retrouver la nature et nous embarquons, depuis San Jorge, sur un ferry naviguant en direction de l’île d’Ometepe, sur les flots d’un lac aussi grand qu’une mer intérieure (le lac Nicaragua, appelé aussi Cocibolca, est la plus grande réserve d’eau douce d’Amérique centrale). En nahuatl, son nom signifie nid du grand serpent et – petite anecdote relatée par notre guide Levis- après avoir appris l’origine du lac, les Espagnols ont baptisé les principales villes portuaires de ce lac du nom de différents saints afin d’obtenir leur protection contre ce grand serpent: San Jorge, San Marcos, San Jose del Sur, San Carlos…On vous rassure, nous n’avons pas croisé ce monstre lacustre, ni l’autre prédateur illustre censé croiser dans les eaux de cette mer d’eau douce:le requin-bouledogue. Et là il ne s’agit pas d’un mythe mais d’une réalité biologique rare. Ces requins ont remonté le cours du Rio San Juan depuis la mer des caraïbes et ont adapté leur métabolisme à la vie en eau douce. Jusque dans les années 80, ils y pullulaient mais ils ont été décimés après l’implantation de 2 sociétés de pêche asiatiques, exportant les ailerons vers le Japon notamment. Actuellement ils se font tellement rares que leur existence est remise en question, notamment par le président Daniel Ortega, qui a évoqué la disparition du squale pour d’autres raisons que la construction du canal interocéanique qui devrait passer par le lac…

Disparus ou pas, à chaque fois que nous nous sommes baignés dans ce lac, nous n’avons pu nous empêcher de chercher sa présence ou plutôt d’espérer son absence !

Par contre, s’il est une chose, ou plutôt deux, qui sont omniprésentes sur Ometepe, ce sont les 2 volcans, Concepcion et Maderas : quelque soit l’endroit où on se trouve sur cette île, leurs imposantes statures s’inscrivent dans le paysage et c’est la première chose que l’on perçoit, même si leur sommet, en cette saison pluvieuse, se cache souvent dans les nuages.

Que se soit en arrivant ou en partant de l’île, ces 2 volcans agissent comme un pôle magnétique et on ne peut détacher notre regard de cette nature majestueuse.

Quelle sensation unique que de se baigner au pied du volcan, de marcher sur ses traces ou de dormir sur son flanc !

Concepcion est un volcan au cône presque parfait, c’est le deuxième volcan le plus haut du Nicaragua (après San Cristobal, dans le nord) et il est encore actif. Maderas est éteint, ses versants sont recouverts de végétation luxuriante et jusqu’à 800m d’altitude on y trouve des pétroglyphes datant parfois du 3e siècle avant JC, en son sommet, il y a un lac de cratère…que nous n’avons pas vu ! En effet, le temps, en cette saison, n’est pas optimal, le sommet est presque toujours dans les nuages et on n’y voit pas à 3m. Le chemin est très boueux, l’ascension est difficile et assez longue. De plus j’ai un ongle incarné au pied gauche…le choix est vite fait, nous nous contenterons de grimper seulement à mi-chemin (un peu moins) du sommet, jusqu’au mirador d’où la vue sur l’autre volcan est grandiose. Rien que cette marche nous prend toute la matinée et la chaleur est étouffante, je n’ai jamais autant sué de ma vie, ce ne sont pas des gouttes mais des filets d’eau qui dégoulinent, je suis littéralement en nage, mais cela en vaut la peine!

La forme de l’île est un huit renversé, un peu comme le symbole de l’infini, il y a une route qui en fait le tour (et détours) et on y circule principalement en bus scolaire, moto ou bicyclette.

Le ferry nous débarque à Moyogalpa et nous traversons toute l’île (en bus) pour rejoindre Balgue, un petit village dans la partie plus sauvage de l’île, où nous logeons pendant une semaine chez Diego F. , un sarde installé sur l’île depuis 5 ans, que nous avions rencontré à Léon et que nous avions revu le jour de notre départ au café das sonrisas, à Granada. La petite case qu’il nous loue à prix d’ami n’est pas prévue pour 5 mais on s’arrange (je dors dans le hamac) et on s’y sent bien. Nous déconnectons complètement , il n’y a pas d’internet chez Diego et nous en profitons pour nous rapprocher de la nature en faisant des balades à pied ou à cheval, en nous baignant dans le lac ou dans un trou d’eau volcanique transparente et froide aux vertus soi-disant thérapeutiques (« ojo de agua » serait la fontaine de jouvence, en fait une piscine naturelle un peu trop touristique à notre goût). Les filles font un peu de SUP (stand-up paddle), je m’y essaie un peu , juste le temps de perdre mes lunettes dans le lac, après avoir été déséquilibré !

Sur les flancs de Maderas, à la terre volcanique riche, la végétation est variée et protégée (il s’agit d’une réserve naturelle) même si certaines cultures (notamment le riz) y sont permises (jusqu’à une certaine altitude) et l’on y croise multitude de papillons, des singes (capucins ou congo) ainsi que plusieurs sortes d’oiseaux, dont l’urraca, sorte de pie bleue à la crète folle.

Le temps s’écoule lentement à Ometepe, notre rythme ralentit et se synchronise avec celui de la nature, nous nous réveillons avec le chant des oiseaux et des cigales (mais aussi avec le gros son du réveil-matin du voisin!) et nous couchons peu après le soleil.

Ometepe, c’est un petit coin de paradis, pas tout à fait l’ Eden car il y a encore des déchets sur le bord des routes (comme un peu partout au Nicaragua) et de plus en plus de touristes, mais tout de même très proche de la représentation idyllique que nous nous en faisons.

Ce n’est pas étonnant que de plus en plus de voyageurs s’y installent pour quelques années voire pour toujours…mais après 8 jours, nous décidons de quitter cet endroit enchanteur et de continuer notre périple !

4 thoughts on “Ometepe, dans le nid du grand serpent

    1. Merci de s’inquiéter pour nous mais il n’y a aucune raison, heureusement.
      ous sommes toujours en Colombie et tout va très bien.
      désolé de ne pas avoir mis le site à jour mais les moments où nous avons internet, les filles monopolisent les ordinateurs pour leur cours en ligne et je n’ai pas encore pu me connecter avant aujourd’hui..il va falloir qu’on s’organise mieux !

  1. Hola Amigos, estoy muy contenta de haberlos encontrado. Je suis très contente de vous avoir retrouvé . De haberlos visto en algunas fotos !!! Que lindo viaje.
    Les envio un gran saludo a los 5 ! Muchos saludos de Jette !

Répondre à Nemo 74 Annuler la réponse.

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